SIEGE DE TOULON 1793

Publié le par ** TymA **

Le 31 Mai 1793 la Convention décrète la mise en accusation et l'arrestation des députés Girondins. Aussitôt l'insurrection Fédéraliste éclate à Lyon, Avignon, Nîmes, Marseille. Elle gagne Toulon, le 12 Juillet 1793, où les Fédéralistes chassent la Municipalité Jacobine, mais ils sont bientôt évincés par les royalistes, nombreux dans le port de guerre. Ceux ci, en apprenant la reprise de Marseille par les jacobins le 25 Août et les terribles représailles exercées, décident de faire appel à la Flotte Anglo-Espagnole croisant au large.

 Le 28 Août 1793 l'Amiral Hood et l'Amiral Langara débarquent 13000 hommes de troupes alliées : Anglais, Espagnols, Napolitains, Piémontais. L'amiral espagnol Gravina est nommé Commandant de la place. Le Baron d'Imbert, chef des royalistes, fait même proclamer " l'Enfant du Temple " Louis XVII roi de France, le 1 Octobre, et arborer le drapeau blanc fleurdelisé. L'amiral de Trogoff livre la Flotte Française, mais son second de Saint Julien incita 3000 marins à rejoindre les troupes de la Convention qui venaient d'arriver à Toulon. En effet, l'Armée dite des " Carmagnoles " commandée par le Général Carteaux, bravache et incapable, après avoir repris Avignon et Marseille, venait de s'emparer le 8 septembre d'Ollioules. Dans le même temps à l'Est de Toulon 6000 hommes de l'Armée des Alpes Maritimes commandés par le Général Lapoype s'emparaient de La Valette et étaient chargés de prendre les forts du Mont Faron qui domine la ville à 560 Mètres d'altitude.

 Le siège est commencé. Or à Ollioules, le Commandant Donmartin, chef de l'artillerie avait été grièvement blessé. Pour le remplacer les Représentants du Peuple Robespierre le Jeune et Saliceti imposèrent au Général Carteaux le jeune " Capitaine corse instruit " Napoléon Bonaparte qui suivait l'Armée depuis Avignon. La rencontre des deux hommes eut lieu le 13 septembre au château de Montauban à Ollioules, Quartier Général, et révéla leur antipathie réciproque mais Carteaux s'inclina devant Saliceti qui avait connu Bonaparte en Corse.

 Ce dernier après une reconnaissance sur la colline de Six Fours et du Caire à la Seyne sur mer, imagina un plan audacieux : s'emparer des deux fortins de l'Eguillette et de Balaguier pour interdire par l'artillerie la passe séparant la grande de la petite rade de Toulon, privant ainsi les alliés de tout ravitaillement par la mer, sur laquelle ils avaient la suprématie absolue. Pour ce faire il fallait s'emparer de la butte du Caire. Ce plan ne plut pas à Carteaux qui rêvait d'un assaut frontal pourtant impossible vu la supériorité numérique des alliés.

 Il envoya pourtant le 22 septembre un petit détachement pour prendre la colline du Caire avec l'adjudant général Delaborde qui échoua. Mais l'attention des anglais fut attiré sur ce point il construisirent rapidement sur son sommet une redoute de terre et de gabions, baptisée " Fort Mulgrave " du nom du commandant en chef anglais, renforcée par trois petites redoutes " Saint Philippe, Saint Côme et Saint Charles ".

 L'ensemble semblent imprenable les anglais le surnomment " le Petit Gibraltar ". Pendant ce temps Bonaparte avait installé le 19 septembre à la Garenne sur les hauteurs de Saint Laurent la batterie de la " Montagne " qui avait déjà atteint plusieurs vaisseaux alliés dans la " Petite Rade ". La jugeant trop éloignée, il installa le 21 septembre la batterie des " Sans Culottes " sur le rivage, à Brégallion.

 Hood essaya en vain de la faire détruire par le vaisseau royaliste "Le Puissant", les vaisseaux alliés durent aller raser la côte vers le Mourillon et la Tour Royale, dangereuse par ses hauts fonds. Le 1 octobre le Général Lapoype échoua en tentant de s'emparer de "Fort Est" du Faron, trois cent de ses soldats se tuant en tombant par un fort mistral, dans les rochers du "Pas de la Masque" (col de la sorcière). Bonaparte ayant reçu l'ordre de bombarder l'énorme fort de Malbousquet (clef de la prise de la ville), s'employa alors à renforcer son parc d'artillerie, en réquisitionnant des canons et de la poudre jusqu'à Marseille, ce qui le fit passer à Cinquante batteries de six pièces contre quarante six au début du siège.

 Il fut récompensé par sa nomination au grade de chef de bataillon le 19 octobre. En même temps il fait édifier face à Malbousquet sur la colline des "Arènes " une forte batterie dite de la "Convention", appuyée en arrière par celle du "Camp des Républicains "sur la colline "Dumonceau", et en avant près du fort par celle de la "Poudrière" à Lagoubran et de la "Farinière" sur la butte des Gaux. Début novembre Carteaux était limogé et remplacé le 11 novembre par le Général Doppet, ancien médecin savoyard, moins brutal mais tout aussi incapable. Son indécision devait faire échouer le 15 novembre la prise de "Fort Mulgrave", par surprise, il démissionnait le 16 avouant qu'il n'avait pas les "compétences nécessaires".

 Lui succédait enfin ! un vrai militaire Jean François Coquille du Gommier dit Dugommier, soldat depuis l'âge de treize ans... qui sympathisa d'emblée avec Bonaparte et reconnut la justesse de son plan. Ce dernier allait donc préparer la prise du "Petit Gibraltar" en installant dès le 20 novembre, jour de l'arrivée du Général Dugommier, face à l'ouvrage la batterie des "Jacobins" sur la crête de l'Evescat bientôt flanquée à sa gauche de la très célèbre batterie des "Hommes Sans Peur", où la tradition veut que Bonaparte ait manié lui-même l'écouvillon, qui ouvre le feu le 28 novembre.

 Enfin le 14 décembre s'intercalera entre les deux précédentes la batterie des "Chasse Coquins". Elles sont de plus soutenues en arrière par les batteries de la "Grande Rade" sur la colline du Rouquier, des "Quatre Moulins", de Fabrégas, de Mar Vivo et des Sablettes. Chargées d'interdire l'approche des vaisseaux alliés tant sur la rade qu'en mer libre. Mais pendant ce temps les batteries face à Malbousquet avaient continué leur feu, causant de gros dégâts.

  Aussi dans la nuit du 30 novembre les Anglo Napolitains font une sortie inopinée, 3000 hommes s'emparent de la batterie de la "Convention" sur la colline des Arènes. Une contre attaque menée par Dugommier et Bonaparte par Faveyrolles et le Val Bertrand les en chasse. Bonaparte fait prisonnier le Général anglais O'Hara qui les commandait. Ce dernier va du reste mener en sous main des tractations pour une issue honorable du conflit avec les Représentants Albitte et Robespierre le Jeune.

 Les alliés désarment les bataillons fédéralistes et royalistes, les Toulonnais comprennent que le dénouement approche. La date en est fixée pour la nuit du 16 au 17 décembre dans un Conseil de Guerre où assiste Bonaparte, promu Colonel pour sa capture d'O'Hara. Le 16 décembre sous des trombes d'eau vers minuit l'assaut du fort Mulgrave est lancé.

 Après de furieux combats corps à corps, où Bonaparte est blessé à la face interne de la cuisse par un coup d'esponton d'un sergent anglais, le "Petit Gibraltar " est pris vers la fin de la nuit. Marmont reçoit l'ordre de tourner les canons conquis contre l'Eguillette et Balaguier que les alliés évacuent sans combat le 17 décembre.

 Ce même jour le Général Lapoype prenait les forts du Faron et Malbousquet tombait également. Le Commandement allié décidait alors l'évacuation de Toulon par la mer, abandonnant la population à la vindicte Jacobine, faisant incendier les navires français et l'arsenal par le Commodore Sydney Smith.

 Le 19 décembre 1793 au matin l'Armée des Carmagnoles entrait dans une ville morte, vouée à l'exécration des Patriotes, privée de son nom, rebaptisée "Port La Montagne ". Les représailles furent terribles, sous la conduite des représentants Barras et Fréron. Sur le Champs de Mars des centaines de prisonniers furent mitraillés et achevés à l'arme blanche (l'on estime leur nombre entre 800 et 2000).

 Bonaparte nommé Général de Brigade le 22 décembre 1793 ne prit pas part aux tueries qui l'écœuraient. Parti vers Nice pour prendre le commandement de l'artillerie de l'Armée des Alpes, son prodigieux destin vient de commencer. 

Publié dans Mon Pays Le Sud !

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